Marseille n’est pas une ville réputée comme « fleurie ». Les espaces verts, ainsi que les rues piétonnes et les bancs y sont rares, tandis que les voitures sont légion. Comme de nombreuses villes en France, il n’y pas non plus de système de récupération du compost domestique. Malgré tout, certain-e-s habitant-e-s du centre-ville se mobilisent pour végétaliser leur quartier et le rendre plus « vert ». En se promenant dans les rues du quartier de Noailles ou Thiers, on peut alors voir des trottoirs envahis de pots contenant des plantes variées, ainsi que des jardinières en bois destinées à récupérer du compost domestique. Habitant le quartier, j’ai eu la chance de rencontrer un habitant, « Raoul Olsen », à l'origine de ces fameux "bac à compost".

Dans un petit salon d’une maison proche du cours Julien, aménagé en atelier pour l’occasion, Raoul Olsen fabrique des jardinières à l’aide de palettes récupérées. «Le principe est simple, avec une palette on fabrique une jardinière qu’on pose ensuite sur un trottoir. Les gens viennent ensuite y mettre leur composte, c’est-à-dire les déchets organiques végétaux, tel que des épluchures, des trognons de pommes, etc... En le recouvrant d’un peu de matière sèche. Au bout de quelques mois, ça fait un super terreaux pour cultiver toutes sortes de plantes. »
Pour commencer l’atelier, nous allons prospecter les environ à la recherche de palettes laissées sur le trottoir par des commerçants. « Certaines palettes sont déjà presque des jardinières, les planches sont rapprochées, ce qui permet de bien contenir la terre. » De retour à l’atelier, nous commençons le bricolage à l’aide d’une scie, d’une perceuse, de marteau et de clous. « Au début, je devais mettre plusieurs heures pour fabriquer une jardinière, scier les planches prise d’une palette à la bonne taille pour faire la jardinière. Maintenant, ça me prend entre 1h et 2h seulement ! J’expérimente aussi des choses nouvelles telles que des jardinières avec bancs intégrés. Outre le manque de verdure, il y a si peu d’endroit pour s’asseoir en centre-ville.»

Une fois le travail terminé, nous allons poser la jardinière et la remplir de compost. « L’avantage des jardinières verticales est qu’elles ne prennent pas beaucoup de place. On peut donc les poser contre une barrière sur un trottoir, ça ne gêne pas la circulation des passants ni des voitures ». Une fois posée, Raoul Olsen ajoute son pseudonyme et sa touche finale, une petite phrase assassine qui invite les gens à se mobiliser : « Que feras-t-on dans 60 ans, quand la température aura augmenté d’en moyenne 10 degrés ? Le changement climatique est l’une des plus grandes menaces du siècle et nous ne sommes pas capables d’y faire face ». Afin de mieux se faire connaître, Raoul Olsen a créé un groupe Facebook, Jardinières in Marseille, sur lequel se trouve des conseils de fabrication, de jardinières, les dates d’événements et une carte où sont répertoriées les jardinières déjà posées. L’idée est que de plus en plus de gens se mobilisent. « Puisque les pouvoirs publics ne font rien, à chacun de prendre soin soi-même, de son lieux de vie. Je veux que Raoul Olsen, ce ne soit pas seulement moi, mais tout le monde. »
Depuis, j’aide régulièrement Raoul Olsen. Outre le plaisir de bricoler, je me sens utile pour la société.