Maxime du magasin Ness sur le cours Belsunce.
"Je suis dans le secteur depuis vingt-cinq ans, j’ai monté cette affaire le Magasin Ness sur le Cours Belsunce, je vends des vêtements pour hommes au détail. Avant j’avais une affaire rue Tapis Vert dans le commerce de gros. Mon père vendait déjà des vêtements pour hommes, en Algérie, puis à Marseille. C’est une histoire de famille. J’ai toujours aimé le commerce. Il y a le contact, le relationnel, il faut être dynamique. Je suis un garçon très dynamique, je ne vous le cache pas ! Il faut bouger, il faut être au goût du jour, être inventif, créatif.
Ici dans le quartier, le commerce fonctionnait bien. Les difficultés ont commencé suite à la grosse crise économique de 92. Puis on peut dire que le passage à l’euro nous a sauvés. Tous les commerces en ont profité. Et de nouveau, une crise en 2008. De 2008 jusqu’en 2014, la majorité des magasins du Cours ont fermé ou ont changé de propriétaires.
Alors, nous avons créé en 2008 l’association « Le Nouveau Centre » où adhèrent à peu près quarante-cinq commerces des Cours Belsunce et Saint-Louis et quelques commerces de la rue Colbert. L’idée au départ c’est de redynamiser le quartier, de trouver des solutions concernant les principales difficultés : l’insécurité, la propreté, les difficultés d’accessibilité avec les chantiers du tramway. Notre but, c’est de donner un nouveau look, une nouvelle image. Je me bats avec la plupart des commerces pour qu’ils rénovent leurs façades et leurs vitrines, pour avoir un Cours un peu chic.
On essaie de redonner aux Marseillais l’envie de venir faire leurs achats sur le Cours Belsunce. On a la chance qu’il y ait toute une histoire, une grande notoriété et en plus c’est un passage obligé, il y a l’Alcazar, la gare Saint-Charles, l’Hôtel de Région, les facultés. Il faut lui redonner un véritable éclat.
Donc on se fédère pour créer des animations en été aux mois de juin-juillet, au mois de décembre ; un marché de noël, des braderies style grande foire. Ce qui est formidable, c’est que le Cours Belsunce a une diversité de catégories de propriétaires : des juifs, des arabes, des français, des arméniens, aujourd’hui des turcs et quelques chinois. Les communautés s’entendent très bien. Moi, je suis en relation avec la totalité des commerces, et c’est vrai qu’il y a une très bonne entente. Si ça pouvait être comme ça dans toute (toutes) les villes de tout le pays !
Il faut en même temps garder cette identité plurielle et aller de l’avant. En 2013-2014, il y a eu un très gros changement avec l’arrivée des kebabs qui ont remplacé les magasins de vêtements de sport. Mais surtout, la chance qu’on a, c’est l’arrivée de quelque grandes enseignes : Maxibazar, Carrefour City, et un beau magasin d’optique. C’est très positif. Notre volonté aurait été d’installer une enseigne nationale comme H&M, ou Zara, ou Lacoste. Pour le moment, on n’y arrive pas.
Attirer une nouvelle clientèle, une clientèle sud, c’est mon cheval de bataille ! Je pense, qu’on va avoir dans les quatre à cinq ans un centre-ville extraordinaire et très performant, il faut être un peu patient."
Recueil des témoignages : Sarah Champion-Schreiber
Photos : Cyril Becquart
Portrait réalisé avant la crise du COVID.